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Evénements d'Avril 80

Evènements d'avril 1980

Chronologie : du 27 mai au 1er juin 1980.

Mardi 27 mai 2980.

A Alger, la situation s'est aggravée depuis quelques jours, elle ne fait que se dégrader avec d'abord des provocations de la part de groupes dits "baasistes", vis-à-vis des groupes se réclamant du "mouvement de Tizi-Ouzou", car ces derniers poursuivent la grève et exigent la libération de tous les détenus. Ensuite, ce sont les "frères musulmans" qui ont attaqué les éléments de l'UNJA ("volontaires"). Des bagarres à coups de hache et de couteau ont fait plusieurs blessés très graves, dont certains "mutilés à vie" selon El Moudjahid. Les points chauds sont Alger-centre, et surtout Bab Ezzouar et Ben-Aknoun.

A Ben-Aknoun, le matin, on relève des heurts violents à la cité de garçons et à la faculté de droit (à la cité, trois semaines auparavant, de véritables tribunaux livraient à la gendarmerie les étudiants originaires de Kabylie !). L'après-midi, un commando d'environ cent cinquante jeunes, essentiellement de l'UNJA, armés de couteaux et de barres de fer, tente de se faire justice à l'intérieur de la faculté de droit, en voulant désarmer les intégristes, ils sont refoulés et pourchassés par la police ainsi que par les frères musulmans ; ils se réfugient alors à l'intérieur de la cité de jeunes filles et aussi à l'Institut linguistique. Initialement, ils cherchent à descendre sur la faculté centrale, mais après négociations avec les responsables de la police (directeur de la sûreté nationale), ils essaient de poser trois conditions pour rendre les armes :
1) désarmer les frères musulmans ;
2) désarmer les mosquées ;
3) libérer les détenus.

Plus tard, vers 17 h 30, ils sont autorisés à descendre grâce aux cars de la cité de jeunes filles jusqu'au restaurant Amirouche, pour y attendre les résultats d'une délégation qu'ils ont envoyé (au ministère de l'intérieur ?).

Mercredi 28 mai 1980.

A la Faculté centrale, désormais les policiers fouillent tout le monde, sans exclure les frères musulmans comme précédemment.

La situation est redevenue un peu plus calme. Certains étudiants parlaient de reprise des cours, bien sûr pas dans l'immédiat...

A Tizi-Ouzou, le ministre Bererhi annonce sa visite pour le samedi 31 mai après-midi. A Alger, les gens se réclamant du "mouvement de Tizi-Ouzou" ont tendance à se méfier de la manoeuvre des syndicalistes "pagsistes" qui lancent tardivement des "appels du pied" pour lutter contre les "fascistes", alors que, notamment au niveau des détenus, ils ont eu un comportement plus que douteux. Ils appellent à une AG des enseignants et travailleurs des universités, sous l'égide de la FTEC, le 1er juin, à la maison du peuple à Alger, afin de contre-attaquer face aux intégristes.

Jeudi 29 mai 1980.

A Tizi-Ouzou, on apprend que Mérabtène, directeur du COUS a été "rappelé au ministère" pour y occuper d'autres fonctions. A Alger, le ministre parle devant cinq mille étudiants en plein air à Bab Ezzouar et réussit à ramener un peu de calme. Les informations en provenance de France confirment la prise du pouvoir par une "junte militaire" et incitent à une certaine prudence.

Vendredi 30 mai 1980.

A Tizi-Ouzou, la situation est à peu près calme, mais des incertitudes demeurent quant à la venue du ministre Bererhi ; certains en doutent en raison du climat général.

Il se confirme que le recteur et le secrétaire général de l'Université jouent un double jeu, puisqu'ils étaient au courant de l'assaut du 20 avril, dès la veille le 19, en outre, ils s'en sont réjouis publiquement.

Samedi 31 mai 1980.

Dans la matinée, à Tizi-Ouzou, on met en place les drapeaux pour accueillir Bererhi. l'après-midi, l'assemblée générale débute vers 15 heures, en présence de plus de deux cent personnes (étudiants, enseignants, travailleurs,...). Le ministre fait un long "discours-compas sion" où il renvoie dos à dos tous les auteurs de violence d'où qu'ils viennent, citant tour à tour "les gauchistes, les baasistes, les frères musulmans" et... évitant soigneusement d'impliquer les forces de l'ordre. Une nouvelle fois il déclare le dialogue "réouvert" mais sans apporter aucune preuve concrète de sa bonne volonté : ni libération de détenus, ni restauration de la chaire berbère à Alger par exemple. Il ne fait aucun "geste" sensible, alors que la communauté universitaire de Tizi-Ouzou a fait preuve de sa bonne volonté en votant la reprise.

En revanche, le ministre fait beaucoup de promesses dites "techniques" sur différents détails (maintien des bourses, avances, sursis pour le service national, etc.). Sur le fond (détenus, culture, démocratisation) il ne s'engage qu'à rapporter fidèlement les préoccupations des universitaires à la direction politique qui ouvrira les débats sur la culture et sur l'information. En fait, il s'agit d'une réédition, avec peut-être plus de subtilité, de la séance précédente du 14 avril. En revanche, Stambouli (directeur de l'Institut des lettres) s'est véritablement mis en vedette (il briguerait un poste de wali ou de ministre) en lisant un long rapport général des commissions de l'université (papier assez bien agencé) où il est fait référence aux orientations du président Chadly ; mais assez sarcastique et critique sur beaucoup de points, par exemple vis-à-vis de la presse, etc. Au cours de l'A.G., il a aussi été confirmé qu'initialement il y avait une liste de quarante et un inculpés (dont certains par contumace) qui a été ramené à vingt quatre seulement.

Il y a eu également au cours de cette AG une intervention du représentant du SNESUP dans le plus pur style "pagsiste", où il a condamné El Moudjahid qui a accordé deux pages entières au "fascistes" H. Bourouiba, alors que l'hebdomadaire progressiste Algérie Actualité a accordé une attention positive aux événements de Tizi-Ouzou, et de l'université d'Alger.

Interrogé sur l'exclusive du syndicat à l'égard du syndicaliste de Tizi-Ouzou arrêté, il a promis que le syndicat s'occuperait des autres universitaires en demandant la liste des noms.

On apprend par ailleurs que Boudiaf aurait écrit au chef de l'Etat pour lui demander la clémence à l'égard des détenus. Il apparaît aussi que Taleb et Benhammouda seraient les chefs de file de la tendance baasiste au sein du pouvoir.

Dimanche 1er juin 1980.

Officiellement les cours ont repris à Tizi-Ouzou. En fait, seuls 20 à 25 des étudiants sont effectivement présents dans les amphis et les salles de T.D. S'agirait-il d'un problème d'information vis-à-vis des nombreux étudiants restés dans leurs villages ?

L'ex-directeur du COUS Merabtène tente de refaire surface en faisant pression sur les employés pour qu'ils signent une pétition en sa faveur.




23/08/2006
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